Avec le peuple iranien: femme – vie – liberté!

de: Commission des femmes et Commission de la migration du SSP

Le SSP exprime sa solidarité pleine et entière avec les femmes et le peuple d’Iran qui luttent pour leur vie et pour leur liberté.

Manifestation de solidarité avec les femmes d'Iran, Londres, 8 octobre 2022 Alisdare Hickson. flickr.com (CC)

Mahsa Amini, une jeune femme de 22 ans a été arrêtée dans la rue le 13 septembre à Téhéran pour «port de vêtements non appropriés», à cause d'une mèche de cheveux dépassant de son foulard. Elle est morte trois jours plus tard, le 16 septembre, dans un commissariat.

La mort de Mahsa Amini a soulevé un immense mouvement de protestation: en enlevant leur voile, en coupant leurs cheveux en signe de deuil, les femmes iraniennes ont été les premières à descendre dans la rue et à défier le pouvoir au péril de leurs vies. Ce qu’elles exigent c’est le droit de disposer librement de leur corps, le droit de choisir de porter ou non le voile, le droit de s’habiller comme elles le souhaitent, le droit de se déplacer librement dans l’espace public, le droit de vivre et de respirer sans peur.

C’est le «Jin – jiyan – azadi!», «la femme — la vie — la liberté», ce slogan des féministes kurdes, repris dans le monde entier, y compris en Suisse, où il est le seul slogan que connaissent toutes les féministes du pays, alémaniques, tessinoises, romandes, immigrées. Trois mots pour résumer cette évidence: il ne peut y avoir de peuple libre si la moitié de la population est sous le joug patriarcal. Et partout, les femmes en ont assez d’être en danger juste parce qu’elles sont des femmes, assez de risquer leur vie à cause d’une mèche de cheveux qui dépasse, d’une jupe qui serait trop courte, d’un ex qui ne supporte pas la séparation. Les femmes en ont aussi assez de supporter les conséquences des crises économiques, des politiques d’austérité, des programmes d’ajustement. Et ce sont elles, et non pas les dignitaires du pouvoir, qui font en premier les frais d’un embargo qui dure depuis près de trente ans.

Leur lutte pour leurs droits, pour leur dignité et pour leur liberté est devenue la lutte de tout un peuple: les hommes ont très vite rejoint le soulèvement, à l’image du chanteur Shervin Ahjipour qui a résumé la douleur de tout son peuple dans la chanson «Baraye» («Pour»), devenue virale en quelques heures et reprise dans toutes les manifestations, malgré l’arrestation du chanteur, depuis libéré sous caution.

Face à la résistance populaire, le régime n’a pas hésité à réprimer. La voie de la répression a déjà écrasé plusieurs soulèvements dans le passé, notamment après l’élection de Mahmoud Ahmadinejad en 2009. Depuis le début du mouvement, le régime a procédé à des centaines d’arrestations et l’ONG Iran Human Right (IH) déplore au moins 185 personnes tuées depuis le 16 septembre. Selon Amnesty International (14 octobre), au moins 23 enfants ont été tués par les « forces de sécurité » au cours des manifestations.

La contestation ne faiblit pas, elle semble même s’amplifier. Des manifestations très importantes ont eu lieu dans la province du Kurdistan d’où est originaire Mahsa Amini. Des ouvriers de l’usine pétrochimique de Bushehr d’Assalouyeh dans le sud-ouest du pays seraient en grève.

Le SSP tient à exprimer sa solidarité pleine et entière avec les femmes et le peuple d’Iran qui luttent pour leur vie et pour leur liberté. Nous condamnons toute répression de la part du régime et nous appelons les autorités à assouplir le droit d’asile et à accueillir toute personne qui fuirait les violences du régime au pouvoir.