Le 15 mai: Non à Frontex!

Le 15 mai prochain, nous voterons sur la participation de la Suisse à l'élargissement de Frontex, l'Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes. Le parlement fédéral a décidé de renforcer sa participation à cette agence chargée de contrôler les frontières extérieures de l'espace Schengen. Concrètement, la Suisse augmenterait sa contribution financière à Frontex – de 24 millions de francs en 2021 à 61 millions en 2027; et elle fournirait jusqu’à 39 fonctionnaires fédéraux à l’agence – contre 6 aujourd’hui.

photo Eric Roset

Le SSP s’oppose résolument au renforcement de Frontex.

En 2020, 82,4​​ millions de personnes dans le monde ont été forcées de fuir leur foyer – un chiffre sans précédent selon l’Organisation des nations unies pour les réfugiés. Ces personnes ont besoin de routes de migration sûres, de possibilités d'immigration légales et de procédures d'asile humaines. Mais c’est le contraire qui se passe: un nombre toujours plus réduit d’entre elles parviennent à se rendre en Europe, parce que les frontières extérieures de l'espace Schengen sont rigoureusement verrouillées – et que la politique d’asile a été transformée en un dispositif policier de contrôle, de tri et de renvoi des personnes en quête de protection. Les conséquences de cette politique sont terribles. Selon l’Organisation internationale pour les migrations, 23 900 personnes ont péri en Méditerranée centrale depuis 2014 [1].

Une autre conséquence de la politique migratoire hyper-restrictive appliquée par la Suisse (et l’Union européenne) est de précariser, voire illégaliser des centaines de milliers de salarié·e·s, qui fournissent une main-d’œuvre, corvéable à merci, aux patrons qui les sous-paient. Avec pour conséquence de créer une pression à la baisse sur les conditions de travail et de salaire dans certains secteurs économiques – et de renforcer la mise en concurrence et la division entre salarié·e·s, ce qui rend plus difficile toute tentative de lutte collective.

Frontex joue un rôle clé dans la construction de la « forteresse Europe ». Depuis des années, l’agence européenne est dénoncée en raison de sa participation active à des «push-back» illégaux et des violations des droits humains. Les garde-côtes européens et nationaux refoulent les exilé·e·s en mer Égée, les livrent aux mains des milices libyennes dans la Méditerranée ou les tabassent aux frontières terrestres de l'espace Schengen.

Renforcer le financement à Frontex, c’est donc renforcer une politique migratoire à la fois inhumaine et créatrice de précarité. Il faut donc voter non le 15 mai, et exiger la mise sur pied d’une politique migratoire basée sur le respect des droits fondamentaux des migrant·e·s et l'aide aux personnes en détresse. L’accueil mis en place dans l’urgence pour les refugié·e·s ukrainien·ne·s et la solidarité de la population montre qu’une telle politique est possible.

Au lieu d’investir 61 millions de francs dans Frontex, la Suisse devrait utiliser cet argent pour accueillir les exilé·e·s avec bienveillance et humanité – notamment en développant un véritable service public de l’accueil.

Pour un droit d’asile solidaire, ne jetons pas 61 millions de francs à la mer. Le 15 mai, non à Frontex!


[1] https://missingmigrants.iom.int/fr/region/mediterranee

Notre dossier: https://ssp-vpod.ch/nofrontex

Votation fédérale du 15 mai 2022: recommandations de vote du SSP

OUI à la modification de la loi sur le cinéma
OUI à la modification de la loi sur la transplantation
NON au développement de Frontex