Dans un mois, c’est la grève féministe!

de: Michela, secrétaire centrale SSP

Le 14 juin 2019, nous l’avions crié haut et fort lors des immenses manifestations qui avaient déferlé sur le pays: nous ne nous arrêterons pas; nous ne lâcherons rien; nous ne rangerons pas nos pancartes, banderoles et mégaphones à la cave; nous continuerons le combat !

photo Valdemar Verissimo

Et nous avons continué, malgré la pandémie qui nous a mises quasiment à l’arrêt en 2020, en plein élan. La vague violette a été si massive qu’elle nous a permis de revenir par dizaines de milliers en 2021, encore plus nombreuses en 2022. La force puisée en 2019 a été telle que le Congrès des femmes de l’Union syndicale suisse (USS) a décidé de lancer un nouvel appel à une grève féministe le 14 juin 2023. Nous y sommes: nos cahiers de revendications sont prêts; nos flyers, badges, autocollants et drapeaux sont à disposition pour rendre la grève visible partout [1] ; nos slogans ont déjà retenti dans les rues le 1er Mai.

Trop présentes, les luttes féministes ? Certains le pensent tout bas, d’autres commencent à le dire tout haut. Et pourtant. Il suffit de penser au revers que représente AVS 21 pour les femmes des classes populaires pour répondre que la grève et la mobilisation féministes sont plus nécessaires que jamais. C’est la seule manière de faire entendre notre voix: la voix des travailleuses, qui constituent aujourd’hui le cœur du salariat. Ce sont elles qui sont majoritaires dans les postes précaires et à bas salaires, qui occupent la majorité des emplois dévalorisés, qui endurent des jobs dont la pénibilité n’est pas reconnue. Et ce sont encore elles qui, à la retraite, touchent les rentes les plus basses. Ni AVS 21, ni LPP 21 n’y changeront rien. Toutes les promesses d’améliorations ont été oubliées. Cela nourrit notre juste colère face aux inégalités qui continuent de structurer la vie professionnelle.

En Suisse comme ailleurs, « les hommes dirigent, les femmes exécutent » [2]. Ce constat est celui de la revue PME, qui présente une étude récente sur le « fossé entre les sexes dans le secteur hospitalier ». Dans les hôpitaux, les femmes constituent les trois quarts du personnel; un tiers des effectifs vient de l’étranger. Tandis que les hommes, de nationalité suisse et de plus de 50 ans, restent majoritaires dans les conseils d’administration et de fondation. Un tiers d’entre eux sont des experts en économie et finances. Rien à voir avec les soins. Et pourtant, ce sont eux qui raflent les salaires les plus hauts et les bonus. Une réalité qu’on retrouve dans toute l’économie.

Pour changer cette situation, un féminisme institutionnel et bourgeois revendique davantage de femmes aux postes de cadres et dans les conseils d’administration. Nous, syndicalistes et féministes du SSP, revendiquons en priorité une redistribution des ressources au profit du travail de terrain – qu’il soit fait par des femmes ou des hommes –, une répartition de la masse salariale en faveur des métiers essentiels, moins de hiérarchie, plus d’autonomie et de respect pour les travailleuses en première ligne – celles qui peuvent affirmer, la tête haute: « Quand nous croisons les bras, le pays perd pied ! »

Alors que les salaires sont menacés par l’inflation, que les conditions de vie des salarié·e·s et des retraité·e·s se détériorent, les revendications [3] de la grève féministe nous concernent toutes et tous.

Ensemble, mobilisons-nous le 14 juin 2023 !


[1] À commander ici: https://ssp-vpod.ch/campa/greve-feministe-2023/

[2] PME, 27 avril 2023.

[3] https://ssp-vpod.ch/themes/femmes/greve-feministe-du-14-juin-2023/des-revendications-feministes-et-syndicales/