Réduire le temps de travail maintenant!
Le nouveau rapport du Groupe d’expert·e·s intergouvernemental sur l’évolution du climat, le GIEC, est sans équivoque. Les Etats ont trois ans devant eux pour transformer en profondeur notre manière de fonctionner, de produire et de consommer afin d’éviter le cataclysme. Cela ne veut pas dire qu’il reste trois ans pour y songer vaguement, mais bien trois ans pour planifier et atteindre la décarbonisation afin de contenir le réchauffement climatique à 1,5°. Cela passe inévitablement par la réorganisation des secteurs desquels nos collectivités dépendent. Mais, pour nous, syndicats et mouvements sociaux, il est exclu que cette transformation profonde se fasse aux dépens des travailleurs et des travailleuses et qu’elle ne creuse encore davantage les inégalités: la transition doit être socialement et climatiquement juste!
Afin d’accompagner cette transformation systémique, des mesures sociales fortes et des investissements majeurs doivent être engagés, notamment dans les services publics. Cela exige de contraindre les gros pollueurs – les banques, les multinationales et leurs actionnaires – à payer et à cesser d’anéantir notre écosystème tout en exploitant les travailleurs et les travailleuses, pour leurs simples profits.
Parmi les pistes proposées par les scientifiques pour atteindre une baisse des émissions de gaz à effet de serre, l’une d’elles est particulièrement intéressante d’un point de vue syndical: la diminution du temps de travail. Cette mesure est cruciale si l’on veut réduire notre production aujourd’hui insensée, améliorer notre santé et offrir à la population la possibilité de modifier ses habitudes de consommation et de déplacement. Elle doit impérativement s’accompagner d’un maintien du niveau des salaires, d’une augmentation de la rémunération pour les bas-revenus et ne doit surtout pas conduire à une intensification des tâches, sans quoi l’objectif d’améliorer la santé des travailleuses et des travailleurs et la réduction des émissions ne serait pas atteint.
Réduire le temps de travail est un enjeu central également pour réaliser l’égalité. Actuellement, les femmes endossent les trois-quarts du travail essentiel, mais non rémunéré. Elles accomplissent gratuitement les tâches domestiques, éducatives et de soins aux proches. Le fait que ces tâches reposent encore majoritairement sur les femmes a de lourdes conséquences sur leur situation financière, tant à l’âge actif qu’au moment de la retraite.
Face à notre volonté de diminuer le temps de travail, la droite et les milieux patronaux sont extrêmement bien organisés pour au contraire le prolonger et le flexibiliser. On le voit aujourd’hui avec AVS 21, la réforme de l’AVS qui vise à imposer aux femmes de travailler une année supplémentaire, et ce, en dépit des inégalités qui persistent et s’accentuent. Fort heureusement, les milieux syndicaux, féministes et progressistes répliquent avec détermination. Le 25 mars, l’alliance référendaire contre AVS 21 a déposé 151'782 signatures à la Chancellerie fédérale et appelle désormais la population à refuser cet objet dans les urnes dans le courant de l’automne.
Les batailles syndicales se succèdent également aux plans fédéral et régional pour que le temps de travail soit reconnu comme tel. Dans le secteur de la santé, par exemple, le SSP a obtenu gain de cause dans la majorité des cantons romands pour que le temps d’habillage soit comptabilisé comme du temps de travail! Dans plusieurs secteurs, notre syndicat continue de se battre pour que les plannings soient communiqués à l’avance ou encore que le temps soit enregistré car, en réalité, des milliers d’heures sont offertes aux employeurs et échappent ainsi à toute rémunération.
Il va de soi que décrocher des mesures permettant d’engager la transition écosociale nécessite un vrai rapport de forces. Seul·e·s, nous n’y parviendrons pas. C’est pourquoi nous devons continuer à nous organiser et à nous renforcer, notamment sur nos lieux de travail. Le 9 avril, rejoignons les manifestations et les actions organisées dans toute la Suisse par la Grève pour l’Avenir, pour une réduction du temps de travail sans perte de salaire!
LZ
Les programmes romands
Lausanne
de 9h à 13h à la Place de la Riponne: stands
à 15h à la Place du 14 juin: départ du cortège
Vevey, Place du Marché
de 9h à 13h: stands
de 12h à 13h: départ groupé pour rejoindre les événements à Lausane
La Chaux-de-Fonds, Place Espacité
de 10 à 13h30: stand, atelier et action "récupère ton temps"
Neuchâtel, Place de la Gare
à 16h: manifestation cantonale
dès 18h à la Place des Halles: fin du cortège, concert, stand boissons et nourriture.
Delémont, Place de la Gare
à 13h30: manifestation
Genève, Place Lise Girardin
à 14h: manifestation