Après la pandémie, le personnel de la santé est épuisé: 40% quitte prématurément le métier. Dans des secteurs comme l’enseignement ou l’accueil de l’enfance, le personnel formé se fait rare. Ce n’est pas un hasard, mais le résultat de plus de trente ans de politiques d’austérité et néolibérales. Alors que dans le secteur public, les travailleuses sont majoritaires, il est temps d’investir pour améliorer les conditions de travail et les salaires.
Travailler moins et mieux
En Suisse, le temps de travail est très long et le temps partiel très élevé. Mais le temps partiel c’est un piège: il se traduit par des bas salaires, des carrières plates et des rentes de misère. Les femmes payent le prix fort, car elles sont majoritaires à réduire leur taux d’activité rémunéré au profit du travail domestique et familial. En 2020, elles ont accompli 4,7 millions d’heures de travail gratuit pour une valeur monétaire de 192 milliards de francs. Pour vivre mieux, il faut travailler moins et partir à la retraite avant.
Augmenter les salaires
En 2020, les femmes ont gagné en moyenne, à plein temps, 18% de moins que les hommes, soit 1’500 francs de moins par mois. Près de la moitié de cet écart ne s’explique que par l’assignation au sexe féminin. L’autre moitié s’explique, mais ne se justifie pas : les métiers féminins sont moins valorisés, les femmes font moins souvent carrière et sont majoritaires dans les postes mal payés. L’égalité et des hausses de salaire sont indispensables.
Renforcer les rentes AVS
En 2021, les nouvelles retraitées ont touché une rente du 2ème pilier de 43% inférieure à celle des hommes. Si la moitié des hommes a pu partir avant, avec une rente encore plus élevée, ce n’est le cas que pour un tiers des femmes. Ce système est très inégalitaire. La réforme de la LPP 21 n’y changera rien. Seul un renforcement de l’AVS, à commencer par l’introduction d’une 13ème rente, peut garantir l’égalité et des rentes suffisantes pour tout le monde.
Développer les services publics
L’égalité n’est possible que si des services publics sont mis en place pour s’occuper des enfants, prendre soin des personnes malades, dépendantes et/ou âgées, se charger des repas ou de l’entretien et du nettoyage. Ce travail doit être assuré par un service public qui garantit des prestations de qualité et de bonnes conditions de travail. La logique des besoins de la population doit remplacer celle des profits.
Éliminer les violences sexistes et sexuelles
Si la grève féministe a contribué à libérer la parole sur les violences faites aux femmes, aux personnes trans et/ou non binaires, le sexisme et le harcèlement sexuel restent trop largement tolérés sur les lieux de travail. Il faut des programmes de prévention et de lutte contre le sexisme et le harcèlement sexuel, des mesures de protection pour les victimes et les témoins. Il faut aussi éduquer au consentement et former les professionnel·le·s qui prennent en charge les victimes.
Protéger la grossesse et la maternité
La grossesse et la maternité continuent d’avoir un impact bien plus important sur le parcours professionnel des mères que sur celui des pères. En Suisse, la protection de la mère enceinte et accouchée est insuffisante, les dispositions légales existantes ne sont pas respectées et les congés sont trop courts. Trop de mères salariées se font licencier à leur retour de maternité ou démissionnent par manque de solution. Il faut des mesures et des congés maternité et parentaux plus long, s’adaptant à toutes les formes de parentalité.