Référendum contre LPP 21

En quelques semaines, l'alliance contre la réforme LPP 21 a lancé le référendum et récolté plus de 120'000 signatures. Le signal est clair : les travailleuses et les travailleurs s'opposent fermement à toute nouvelle dégradation des rentes du 2e pilier !

Rentes à la baisse

Au cœur de LPP 21, on trouve la baisse du taux de conversion. Ce taux est appliqué au capital de retraite épargné dans une caisse de pension. Il permet de calculer le montant de la rente LPP versée à la retraite. Le parlement a décidé de faire passer ce taux de conversion de 6,8% à 6%. Conséquence: « Le capital constitué par un rentier durant son activité professionnelle aboutira à une rente plus petite »[1]. Selon les calculs de l’Union syndicale suisse (USS), la baisse pourra atteindre 3240 francs par an. Un montant auquel s’ajouteront les pertes de pouvoir d’achat dues à la hausse constante des primes d’assurance maladie et à l’absence de compensation du renchérissement dans le 2e pilier, ajoute la faîtière syndicale. Cette attaque contre le pouvoir d’achat des salarié·e·s et retraité·e·s est d’autant plus inacceptable que l’argument principal brandi par ses partisans de droite vient de tomber à l’eau. « Pendant longtemps, la réduction a surtout été justifiée par le fait qu'il y avait trop peu de possibilités de placement sûres et rentables pour garantir des rentes aussi élevées. Avec le retournement des taux d'intérêt, cet argument a perdu de son urgence »[2].

Compensations à la baisse

Au Parlement, les discussions ont beaucoup porté sur les compensations nécessaires pour faire accepter la baisse du taux de conversion. Suivant un projet concocté par l’USS et l’Union patronale suisse, le Conseil fédéral avait proposé de compenser ces baisses pour l’ensemble des assuré-e·s et sans limitation dans le temps, via une cotisation de solidarité de 0,5% touchant aussi les très hauts salaires. Les élues et élus fédéraux ont fortement revu le mécanisme à la baisse. Finalement, seule la moitié de la « génération transitoire », soit les quinze premières années qui suivront l’entrée en vigueur de la réforme, touchera une compensation. Celle-ci se montera à 200 francs au maximum (pour les personnes ayant accumulé un capital inférieur ou égal à 215 000 francs; au-dessus, le montant sera plus bas) et sera dégressive. Au-delà de la période transitoire, il n’y aura plus aucune compensation.

… Cotisations à la hausse

Autre point fort de la révision: la baisse de la déduction de coordination, cette part du salaire sur laquelle employeurs et employé·e·s ne paient pas de cotisations LPP. Fixé à 25 725 francs aujourd’hui, son montant représentera désormais les 20% du salaire. Ce système se traduira par une augmentation des cotisations – puis des rentes – pour les personnes touchant de bas salaires et les temps partiels. Un élément qui explique les réticences de certains secteurs patronaux, notamment l’Union suisse des paysans et Gastrosuisse, opposés à LPP 21.

Enfin, le seuil d’accès au 2e pilier sera abaissé. Au lieu de toucher 22 000 francs par an pour cotiser à la LPP, il faudra désormais gagner au moins 19 800 francs. 100 000 personnes supplémentaires devraient ainsi être assurées.

Payer plus, toucher moins

Pour l’Union syndicale suisse, LPP 21 se traduira par un recul net pour une majorité des salarié·e·s et retraité·e·s: « Les personnes proches de la retraite ne toucheront qu’un quart de la compensation intégrale des réductions de rentes. Et pour les personnes qui ne font plus partie de la génération de transition, ce sera: payer plus pour toucher des rentes plus basses. Même les très jeunes salarié·e·s auront droit, après quarante ans d’épargne, à des rentes encore plus basses que ce qu’on leur a promis jusqu’ici ». Le président de l’USS, le conseiller national socialiste Pierre-Yves Maillard, dénonce de son côté les manœuvres des partis bourgeois, pour lesquels « il est simplement insupportable que les plus riches soient un peu plus solidaires »[3].


[1] ATS, 17 mars 2023.
[2] NZZ, 18 mars 2023.
[3] La Lliberté, 15 mars 2023.

  • Communiqué de presse de l'USS

    Payer plus pour toucher moins de rente ?! Une large alliance lance aujourd’hui la récolte de signatures contre la baisse des rentes du 2e pilier.