Allocution de Marie-Odile Heim, infirmière et membre SSP
J’ai 60 ans et devrais travailler jusqu’à 65 si la réforme AVS 21 était acceptée en votation populaire le 25 septembre.
C’est la troisième fois consécutive que je me mobilise contre une réforme de l’AVS injuste, antisociale et sexiste qui vise à élever l’âge de la retraite des femmes.
J’ai dernièrement cumulé quatre mois de chômage et pourtant, je suis infirmière. Une denrée rare sur le marché du travail. Ces quatre mois sont toutefois insignifiants par rapport à la dure réalité des femmes qui exercent une profession moins recherchée et qui, après de nombreux refus, arrivent en fin de droits avec une inquiétude énorme pour leur quotidien à venir.
En fin de carrière, beaucoup de femmes sont confrontées au chômage de longue durée, à des problèmes de santé, se font licencier ou n’ont d’autre choix que de s’arrêter de travailler en raison de la pénibilité de leur emploi. Vouloir nous imposer de travailler une année supplémentaire est une aberration !
Sous prétexte d’égalité, on nous demande d’accepter AVS 21, alors que les inégalités salariales continuent de se creuser, que les rentes des femmes sont 37% inférieures à celles des hommes, qu’elles assument encore gratuitement la majeure partie du travail domestique, éducatif et de soins aux proches, que les professions dites féminines sont dévalorisées et j’en passe.
Economiser 10 milliards sur le dos des femmes est absolument inacceptable.
La rumeur selon laquelle AVS 21 ne concernerait pas les femmes nées avant 1969 est un leurre. Toutes les femmes sont concernées et les mesures transitoires prévues dans la réforme ne sont qu’une profonde arnaque.
Facile de soutenir AVS 21 lorsque, pour faire carrière et finalement avoir les moyens de se payer une retraite anticipée, on s’est appuyé sur le travail de celles qui ont nettoyé, se sont occupées de nos enfants et ont pris soin de nos proches à notre place, en échange d’un salaire misérable et dans des conditions difficiles. Nous aussi, nous avons le droit de partir à la retraite en bonne santé !
Ne tombons pas dans le piège de la droite et des milieux patronaux qui nous font croire au déficit de l’AVS pour la démanteler. En 2021, l’AVS a bouclé ses comptes sur un excédent de 2,6 milliards. Au lieu de relever l’âge de la retraite, luttons plutôt contre la pauvreté des retraité-e-s. Pour cela, il faut renforcer l’AVS et augmenter les rentes. En ce sens, soutenons l’initiative BNS.
Enfin, j’appelle les hommes à nous rejoindre dans cette lutte : si AVS 21 passe la rampe, ce sera ensuite 66 voire 67 ans pour toutes et tous. Il en est hors de question !
Pour ces raisons, mobilisons-nous le 14 juin et votons un NON franc et massif contre AVS 21 le 25 septembre prochain !
