Votons 2x NON à AVS 21!

En relevant l’âge de départ à la retraite des femmes, AVS 21 répond à un objectif fondamental pour le patronat: allonger la durée du travail des salarié-e-s.

Eric Roset

L’issue de la votation sur AVS 21 («Stabilisation de l’AVS») est incertaine. Les sondages n’annoncent rien de bon, mais l’affaire est loin d’être jouée. Nous pouvons gagner!

Les partisan-e-s d’AVS 21 mettent en avant deux arguments. Tout d’abord, ils et elles veulent nous faire peur: «Les finances de l’AVS vont mal, il faut agir». C’est du baratin. L’année dernière, l’AVS a réalisé un excédent de 2,6 milliards; sa fortune n’a jamais été aussi élevée: près de 50 milliards, un montant supérieur à ses dépenses annuelles. Bref, il y a de quoi voir venir. Deuxièmement, ils et elles prétendent qu’AVS 21 répond à une logique d’égalité. La ficelle est tout aussi grosse. Ce sont en effet les mêmes qui continuent de verser des salaires inférieurs aux femmes et qui sont à l’origine du sous-développement chronique des crèches…

En réalité, AVS 21 répond à un objectif fondamental pour le patronat: allonger la durée du travail des salarié-e-s. Ici, il s’agit de le faire par l’augmentation de l’âge de départ à la retraite, au moyen notamment de la hausse, à 65 ans, de l’âge de référence pour les femmes. Or, cette hausse représenterait une régression sociale. Ouvrières, vendeuses et aides-soignantes – souvent usées par des décennies de labeur – devraient trimer une année de plus, au seul profit du patronat. Celles qui ne pourraient pas le faire subiraient une baisse – à vie! – de leur rente AVS. Deuxièmement, en contraignant des dizaines de milliers de femmes à rester sur le «marché du travail», la hausse de l'âge de la retraite stimulerait le chômage – alors que retrouver un emploi à partir de 55 ans, c'est déjà la galère. Enfin, cette mesure ne serait qu'une étape: les Chambres fédérales ont chargé le Conseil fédéral de leur soumettre un deuxième «projet de stabilisation de l’AVS», d’ici quatre ans au plus tard. Le gouvernement en a déjà annoncé la teneur: «Le relèvement de l’âge de référence au-delà de 65 ans, pour les hommes et pour les femmes, constitue une mesure justifiée». Alain Berset, l’adepte des escapades en avion de tourisme en France (pour ses week-ends en Allemagne, il préfère la limousine, avec chauffeur), a été tout aussi clair: un tel relèvement est «inévitable à moyen terme».

Le refus de toute augmentation de l'âge de la retraite est d'autant plus justifié qu’en Suisse, l’âge moyen à la sortie du marché du travail est déjà nettement plus élevé que dans les pays qui nous entourent. Sans même parler de la durée du travail hebdomadaire: dans plusieurs secteurs, y compris la fonction publique, la revendication à l’origine de la fondation du mouvement ouvrier (au 19e siècle!) – la journée de 8 heures – est toujours un mirage… Ce qui devrait être l'ordre du jour, c'est donc la diminution de l'âge de la retraite. Parce qu’on a bien mérité, après une vie de labeur, d’avoir enfin du temps pour soi et pour celles et ceux qu’on aime!

Enfin, AVS 21 n'apporterait aucune amélioration aux rentiers-ères AVS. Pourtant, il y aurait de quoi faire, lorsque l’on sait que la rente moyenne s’élève à 1800 francs par mois... Et que les rentes des caisses de pension sont en chute libre. Bref, il faudrait augmenter les rentes AVS, pas l’âge de la retraite!

Mais il y a pire: si AVS 21 passe la rampe, le pouvoir d’achat des retraité-e-s va diminuer. Son entrée en vigueur se traduirait en effet par la hausse de la TVA (+0,4 point), l’impôt le plus antisocial. Si on ajoute à cela l’augmentation des prix de l’énergie et la flambée annoncée des primes maladie – 5% au bas mot, voire jusqu’à 10%! –, la conclusion coule de source: des centaines de milliers de retraité-e-s devraient se serrer encore davantage la ceinture pour joindre les deux bouts. Une raison de plus de voter 2x NON!