Des hausses des salaires réels sont nécessaires et possibles!

de: Conférence de presse de l'Union syndicale suisse (USS)

L’inflation, le choc des primes des caisses-maladie et l’augmentation des loyers plombent le budget des ménages. La pression que cela fait subir à la population active est sur toutes les lèvres – et il est urgent d’agir.

photo : USS

Or alors même que la conjoncture reste favorable, les employeurs se montrent intraitables et ne veulent même pas compenser le renchérissement. Leurs marges à nouveau élevées servent à la place à augmenter encore les très hauts salaires et les bonus, ainsi qu’à verser des dividendes.

Le Conseil fédéral et le Parlement font la sourde oreille à toute proposition d’allégement des charges subies par la population active et préfèrent la faire passer à la caisse. Il est bien clair pour l’USS que cela ne peut pas durer. L’heure est à un véritable tournant, avec des hausses des salaires réels et des mesures concrètes contre le coup de massue des hausses de loyer et l’explosion des primes des caisses-maladie. Alors que les négociations salariales ont débuté dans plusieurs secteurs, une vaste mobilisation se prépare pour éviter une quatrième année consécutive de baisse des salaires réels. La grande manifestation du 16 septembre à Berne pour le pouvoir d’achat marquera le coup d’envoi.

Une politique orientée sur les intérêts des classes supérieures

Le Conseil fédéral avait promis, lors de l’introduction la loi sur l’assurance-maladie, que personne n’aurait à consacrer plus de 8 % de son revenu imposable aux primes. En réalité, beaucoup de gens doivent débourser aujourd’hui près du double. Et la situation va encore empirer avec l’explosion des primes qui s’annonce cette année.

Les cantons ont les moyens de rendre le fardeau des primes plus supportable pour la population, avec les réductions de primes (subsides). Ils reçoivent à cet effet beaucoup d’argent de la Confédération, soit près de 300 francs par habitant. Or les cantons mettent le pied sur le frein et versent même aujourd’hui moins d’argent que la Confédération. Ils préfèrent diminuer les impôts pour les contribuables fortunés et les entreprises.

Augmenter les salaires et les rentes

L’heure est à des augmentations générales de l’ordre de 5 % aux négociations salariales actuelles. Toute personne ayant terminé un apprentissage doit gagner au moins 5000 francs par mois. La compensation du renchérissement doit redevenir la règle. Il y a suffisamment d’argent pour permettre aux travailleurs et travailleuses de boucler leurs fins de mois sans devoir s’inquiéter.


Allocution de Natascha Wey, Secrétaire générale du SSP

Une compensation du renchérissement et des augmentations de salaire réel sont nécessaires. Les membres du SSP demandent des augmentations de salaire et en ont assez d’entendre les excuses liées au manque de moyens financiers. Ce qui compte, c'est ce qu'il reste dans le porte-monnaie à la fin du mois, et ce porte-monnaie contient de moins de moins de sous.

On prétend que les Suissesses et les Suisses alémaniques ne sont pas faciles à mobiliser sur le plan syndical. Mais les signes que nous observons racontent une autre histoire.

Dübendorf
Il y a quelques jours seulement, 120 employé·e·s de la Commune de Dübendorf ont mené une action de protestation devant le Conseil communal, dont de nombreuses collaboratrices et de nombreux collaborateurs du Service des ponts et chaussées, de l'administration, de l'école primaire, y compris des employé·e·s des lieux d’accueil de l’enfance et du secteur du nettoyage.

En mai de cette année, 70% des employé·e·s avaient demandé, au moyen d’une pétition, la pleine compensation du renchérissement et un système salarial équitable. Mais la réponse du Conseil municipal à cette demande a été plutôt décevante. En effet, il est difficile de comprendre pourquoi 150 communes du canton de Zurich ont accordé à leur personnel la pleine compensation du renchérissement de 3,5% au 1er janvier 2023, alors que Dübendorf n’a rien accordé à ses employé·e·s. A juste titre, ces salarié·e·s posent la question suivante: «Dübendorf quo vadis?»

Lucerne
Les esprits s’échauffent à Lucerne. Les employé·e·s de l’Etat sont en train de lancer une mobilisation. Malgré les excédents de recettes records du canton de Lucerne, une baisse des salaires réels a été appliquée au personnel l'année dernière. Une série d'associations du personnel ainsi que le SSP Région Suisse centrale ont lancé la semaine dernière une pétition, qui sera remise en automne. Cette une action ne passera certainement pas inaperçue.

Berne
Après trois années marquées par des pertes de salaire réel, le personnel en a assez. Au printemps 2023, le canton a présenté des comptes affichant un excédent de recettes de 358 millions de francs. Par leur travail quotidien dans les écoles, les hôpitaux et les administrations les employé·e·s ont contribué à ce résultat positif. Mais, il faut rappeler qu’en 2022, ce personnel n’a reçu qu’une compensation du renchérissement de 0,5%, alors que le renchérissement global se montait à près de 3%. Avec cette baisse des salaires réels, Berne s’est retrouvé en queue de peloton en comparaison avec les autres cantons.

La pétition que le SSP et d'autres associations du personnel ont lancé par la suite a été signée par 16 000 personnes concernées. Pour l’année 2024, les revendications sont les suivantes: une compensation du renchérissement d'au moins 3%. Cependant, le Conseil d'Etat ne se soucie pas du bien-être de ses employé·e·s, puisqu’il a ignoré cette demande: 2% de compensation du renchérissement, c'est tout ce qu'il propose. Quel toupet! En réponse à cette proposition, les député·e·s au Grand Conseil bernois ont eu droit à une distribution de pommes acides devant l’Hôtel de Ville de Berne. Au vu de la perte de salaire réel que nos membres doivent accepter, cette action était, somme toute, encore assez gentille. Le SSP Région Berne continuera à mobiliser ses membres jusqu'à la décision définitive prévue pour novembre.

Transports publics
Comme si les pertes de salaire réel et l'absence de compensation du renchérissement ne suffisaient pas, les collègues des transports publics, c'est-à-dire celles et ceux des entreprises régionales de bus et de tram, risquent d’être confronté·e·s par-dessus le marché à des mesures d'économie. C’est pourquoi le SSP, le SEV et Syndicom ont lancé il y a quelques jours une pétition demandant à la Confédération de renoncer à des mesures d'économie.

Suisse romande
Après six journées de grève et de mobilisations, la lutte de la fonction publique et parapublique vaudoise va se poursuivre cet automne, pour de meilleurs salaires et de meilleures rentes de retraite.

A Neuchâtel, les syndicats appellent à la mobilisation le 29 septembre, pour défendre le pouvoir d’achat, en plafonnant les prix des loyers et des primes d’assurance-maladie, ainsi qu’en augmentant les salaires et les rentes, aujourd’hui en chute libre.

Dans les cantons de Fribourg et de Vaud, la campagne pour un salaire minimum bat son plein. Ces initiatives revêtent une importance majeure pour lutter contre la précarité grandissante et contre les inégalités salariales.

Le SSP Fribourg lancera une pétition après la manifestation nationale du 16 septembre. La fonction publique et parapublique fribourgeoise demande la hausse des salaires et des rentes de 5%. Une manifestation cantonale est prévue durant le mois de novembre.

L'inquiétude face à l'augmentation des prix et du coût de la vie grandit. Et ce, à juste titre. Cette inquiétude concerne toutes les branches, toutes les institutions et tous les niveaux de revenus. Cette inquiétude doit être prise au sérieux et les employeurs doivent maintenant réagir.