Des milliers de femmes millionnaires à leur insu !

de: Michela Bovolenta, secrétaire centrale SSP

SCOOP. Le SSP vous révèle que, demain, jour de la grève féministe, l’Université de St. Gall va sortir une nouvelle étude, financée par l’Union patronale suisse, pour vous informer, Mesdames, que vous gagnez bien plus que vous ne le pensez.

photo SSP

Oui vous faites partie de l’élite des plus riches fortunés du pays. Votre fiche de paye indique 3585 francs par mois ? C’est que vous manquez cruellement de fantaisie, Mesdames, ou que vous avez de mauvaises lunettes. Car il suffit de voir après le 3585 quelques zéros de plus et le tour est joué ! Vous êtes millionnaires. Dès demain, grâce à un éminent expert d’une éminente université, vous pourrez vivre heureuse et vous sentir riche.

C’est un peu cela, la nouvelle étude que l’Université de St. Gall, mandatée par l’Union patronale suisse sort juste un jour avant la grève féministe pour nous dire que la discrimination salariale n’est que de 3,3%, soit environ 2500 francs par année. Peanuts !

Or cette étude ne repose que sur 10% des entreprises suisses ayant effectué une analyse de l’égalité salariale et les résultats se basent sur les déclarations des entreprises elles-mêmes. C’est déjà un premier souci. Deuxième souci : l’outil Logib, utilisé pour les analyses de salaire, passe sous le radar une grosse partie de l’inégalité.

En effet, ne sont prises compte que les inégalités qui ne peuvent pas être expliquées comme la formation, l'ancienneté, l'expérience professionnelle, le niveau d'exigence ou la position professionnelle. Ainsi, pour Logib le plafond de verre, qui fait que les femmes ne font pas ou plus difficilement carrière n’est pas un problème et encore moins le fait que les métiers féminins sont dévalorisés. Avec ces critères, grosso modo, la moitié de l’écart salarial est effacée. La comparaison se fait à temps de travail équivalent plein temps, ce qui exclut toute la perte salariale liée au temps partiel, majoritairement féminin.

Cerise sur le gâteau : Logib concède une bonne marge d’erreur statistique et un seuil de tolérance de 5%, Or selon une étude du Bureau de l’égalité du canton de Vaud, que le Centre patronal n’a pas financée et donc pas lue, si on supprimait ce seuil, la part d’entreprises conformes au droit passerait de 81% à 50%. En clair, une entreprise sur deux ne passerait pas le test Logib !

Enfin, en septembre 2022, le Conseil fédéral a présenté une autre étude, que le Centre patronal ne semble pas non plus avoir lue, qui calcule l’écart global de revenu pour toutes les heures travaillées durant la vie active et là, l’inégalité entre les hommes et les femmes est de 43% ! C’est énorme, et c’est le troisième pire score d’Europe !

Une seule conclusion s’impose : le 14 juin, grève, grève et mobilisation !